Rimshot N°24 Septembre 2003 Entretien avec Alan White  
 
 
 


le plus jeune de la troupe. Les gens étaient drôlement impressionnés. Mais parallelement, je m'intéressais aussi aux compositeurs classiques.

Et plus tard, tu as réalisé un rêve en devenant batteur de john Lennon.
Exact, à vingt ans, j'ai joué avec Lennon à Toronto. L'album live qui a découlé de ce concert (le fameux Live Peace in Toronto, 1969) a considérablement boosté ma carrière. J'aimais beaucoup Ringo Starr, que j'ai d'ailleurs rencontré plusieurs fois. Lorsque j'écoutais les Beatles étant môme, je ne m'imaginais pas, qu'un jour je battrais derrière Lennon. Mes collaboration avec lui restent de très grands souvenirs (il a joué, entre autre, sur le legendaire Imagine NDLR).

L'histoire de Yes est une vraie épopée, avec différentes époques et de nombreux line-up.
C'est le moins que l'on puisse dire. Cela nous a valu une réputation de groupe à géométrie variable. Beaucoup de musiciens sont venus, repartis, puis revenus. Il y a de quoi perdre son latin. Pour simplifier, on peut dire que Chris Squire et moi-même formons le noyau dur, étant donné que lui est là depuis la toute première heure et que je suis arrivé dans le groupe en 76 pour remplacer Bill Bruford. C'est nous qui avons toujours porté le groupe contre vent et marées.

Tu es pote avec Bruford ?
Oui, je le connais même très bien. Je l'ai revu juste avant le Full Circle Tour. Il tourne avec son groupe Earthworks dans les club de jazz.

Parle moi de ta collaboration avec lui, lors de la tournée d'Union de 91, qui regroupait la plupart des musiciens ayant jalonné l'histoire de Yes ?
Tout à fait. C'était vraiment intéressant. J'avais déjà joué auparavant dans des configurations à deux batteurs, et je dois dire que ce n'est pas un exercice facile. Il faut savoir être fair-play et laisser à l'autre suffisamment d'espace pour créer sa musique. Il faut que les deux musiciens soient très proches. Dans le cadre de Yes, c'était d'autant plus difficile, parce que la musique est sophistiquée. Avec Bill cela s'est toujours bien passé. Nous avons travaillé dur sur certaines pièces, afin de bien définir nos rôles. Je dirai que quand l'un de nous deux prenait le dessus, l'autre réagissait comme un percussionniste. Tu sais, je jouais déjà certains morceaux de cette tournée depuis quinze ans, et j'avais ma propre façon de les appréhender. J'ai du sacrifier cela pour les réarranger avec Bill. Pour jouer à deux batteries, il faut savoir pardonner.

Tu utilises l'électronique ?
Oui, mais de façon assez sporadique. J'ai des pads sur scène pour jouer des effets de cymbales inversées ou des gongs. Je lance aussi certaines séquences, comme sur l'intro de "Owner Of A Lonely Heart". Mais je n'ai pas poussé ce délire aussi loin que Bruford, qui lui, est un maître en la matière.

Parallèlement au Full Circle Tour, tu profites de tes jours «off» pour animer de nombreuses master classes. C'est important pour toi ?
Oui, cela me permet d'aller à la rencontre d'autres batteurs et de gamins qui ont soif d'apprendre et veulent comprendre mon parcours de musicien. Je leur parle de ma philosophie, de ma pensée et de mon attitude par rapport à l'instrument, de mon cheminement vers la découverte de mon style. C'est une quête infinie. La musique ne se résume pas à lire des partitions. C'est une chose organique, à la limite de l'expression corporelle. Avoir le feeling est essentiel pour un batteur qui a un rôle d'épine dorsale dans un groupe. Je leur parle aussi de la respiration et de l'hygiène de vie indispensable pour garder une bonne condition physique. Je suis dans la cinquantaine, et la vie en tournée est parfois très rude et agitée. Je dois être au top chaque soir, pour être «on the money» (éclats de rires).

Abordes-tu des questions de technique pure ?
Oui, j'ai appris différentes techniques. En les mélangeant, j'ai trouvé mon truc. La qualité première d'un batteur est d'être constant dans sa frappe. Il y a tellement de paramètres : la tenue des baguettes, la disposition du kit, la position de jeu. Par exemple j'utilise la double pédale de grosse caisse depuis une quinzaine d'années, et là encore, j'en ai une approche perso, qui est à l'opposée des batteur de heavy-metal. Je m'en sers pour certains effets, par petites touches. Chacun doit essayer de trouver sa voie.

Tu dois savoir que tout le monde te confond avec Alan White, le batteur d'Oasis. Ce n'est pas trop difficile à vivre ?
Cette histoire est complètement dingue. Je le répète encore : nous n'avons aucun lien de parenté. J'ai une histoire vraiment poilante à ce propos : J'étais en tournée au USA, et ma mère m'a appelée effondrée d'Angleterre. Ses amis avaient lu dans la presse que le batteur Alan White avait saccagé sa suite d'hôtel. J'ai du démentir cet acte terroriste (rires) !

Ton matériel ?
J'utilise un nouveau kit Ludwig, comprenant une grosse caisse de 22", des toms de 10",12",16" et 18", et une caisse claire de 6,5" en bronze. Mes cymbales sont toutes des Zildjan.

Propos recueillis par Ludovic Egraz

 
3/3